Il y a quelques années, une marque de lessive avait finalement trouvé son slogan « OMO la lessive qui lave plus blanc que blanc ». Nous ne sommes pas si loin
de l’intention de l’auteur quand il s’exclame « Saint, saint, saint est l’Éternel
le Dieu des armées » (Esaïe 6.3). Autrement dit, Dieu est plus saint que saint !
Une sainteté à part !
Dans la Bible il est régulièrement parlé de sainteté, et pas seulement pour Dieu, en fait cela peut concerner :
• des personnes (Lévitique 21.6),
• des objets (Exode 30),
• des jours particuliers (Exode 31.14),
• des lieux (Néhémie 11.1)
• ou même, un peuple entier (Deutéronome 7.6).
Dans tous ces cas leur sainteté vient de ce qu’ils sont mis à part pour Dieu, consacrés à Dieu.
Par exemple, les ustensiles du temple sont saints parce qu’ils sont consacrés à Dieu, ce qui veut dire que l’on ne va pas les utiliser pour un usage courant, mais seulement pour le culte. De la même façon, le peuple de Dieu est saint parce qu’il est le peuple choisi et mis à part par Dieu pour l’adorer.
Mais pour Dieu, sa sainteté est à part, elle n’est pas due au fait que Dieu est mis à part mais qu’il est « autre », il est « distinct » de sa création.
As-tu déjà remarqué le manque d’imagination des créateurs de monstres dans les films ? Ils ont des yeux de serpent mais jaunes, des écailles de poisson mais en métal, des griffes de chat mais plus grandes, ils bavent comme un Saint-Bernard mais en plus c’est acide… au final ce n’est pas de la création mais de la re-création. Pourquoi ? Parce que nous avons du mal à imaginer ce que nous ne connaissons pas.
Nous avons aussi du mal avec Dieu, nous l’imaginons à notre image mais Dieu est totalement différent de nous, il ne nous est en rien comparable, il est « à part » ! Nous faisons Dieu à notre image parce que nous sommes incapables d’envisager un Dieu saint, un Dieu qui ne partage aucune de nos limites, qui nous est supérieur. Il est le créateur qui domine d’une façon absolue sa création. La distance entre Dieu et nous est infinie, il n’y a aucun rapprochement que nous ne puissions faire entre Dieu et nous.
Une sainteté absolue
En général, quand nous pensons à la sainteté, nous pensons plus particulièrement à la pureté morale. Et c’est vrai que la sainteté de Dieu parle d’abord de la pureté morale absolue de Dieu. Mais la sainteté de Dieu n’est pas une qualité de Dieu qui s’ajouterait à ses autres qualités. Ainsi on ne pourrait pas vraiment dire Dieu est bon, juste, miséricordieux, amour et saint. Pourquoi ? Parce que sa bonté est sainte, sa miséricorde est sainte, son amour est saint, sa justice est sainte.
Dans notre texte, au verset 3, les séraphins s’écrient :
Ce n’est pas sa sainteté qui remplit la terre mais sa gloire, parce que la gloire, c’est le fait de rendre visible les attributs de Dieu. Parce que nous voyons la gloire de Dieu, nous reconnaissons sa splendeur, sa puissance, sa majesté, son infinie bonté, sa souveraineté et nous sommes conduits à nous agenouiller pour l’adorer. Pourquoi Dieu est-il si glorieux ? Parce qu’il est totalement saint… Tout en lui est saint ! Dieu n’est pas juste parfaitement bon, il est aussi la source et l’ultime référence de la bonté, il est éternellement bon. Il en est de même pour l’ensemble de ses qualités, en un mot : il est saint !
Une sainteté terrifiante
Plusieurs événements dans la Bible nous disent que la sainteté de Dieu est terrifiante. Ici dans Esaïe 6.3-4, nous voyons les portes du temple ébranlées et surtout Esaïe s’écrier « Malheur à moi ».
Nous pouvons nous souvenir de Nadab et Abihu qui sont morts parce qu’ils ont été légers dans leur façon de s’approcher de Dieu. Ou encore d’Uzaa qui a été frappé de mort par Dieu parce qu’il a touché le coffre de l’Alliance. Peut-être pourrait-on penser qu’il s’agit de l’Ancien Testament et que les choses ont bien changé, mais le livre des Actes qui nous raconte les débuts de l’Église débute avec l’histoire d’Ananias et Saphira, morts pour avoir « menti au Saint-Esprit ».
La sainteté de Dieu nous condamne en mettant en pleine lumière notre propre manque de sainteté, notre impureté morale, notre péché.
Esaïe est aussi ébranlé que les portes du temple devant la sainteté de Dieu parce qu’il se voit comme un pêcheur devant Dieu… Malheur à moi est une façon d’exprimer sa peur du jugement de Dieu à venir. Il ne peut se cacher devant Dieu parce que la gloire de Dieu remplit le temple et le contraste est saisissant entre la pleine sainteté de Dieu et la culpabilité d’Esaïe. Il ne peut que constater que ses lèvres sont impures, ironique pour quelqu’un qui est appelé à être le prophète de Dieu et dont les paroles seront précédées du fameux « Ainsi parle l’Éternel », signifiant que Dieu lui-même parle au travers de la bouche de son prophète.
Une sainteté que Dieu veut nous communiquer
Lorsque nous mettons à laver des chaussettes rouges et blanches ensemble, ce sont toujours les chaussettes rouges qui déteignent sur les blanches… Il en est de même pour l’impureté, c’est toujours l’impur qui déteint sur le pur, à l’instar de l’Ancien Testament où à chaque fois qu’une personne touchait une chose, un animal ou une personne impurs, elle devenait elle-même impure.
L’impureté nous touche tous ! Et Esaïe crie son désespoir pour lui et son peuple dans le verset 5 « je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ».
Non seulement nous sommes contaminés par le péché d’Adam, mais nous avons confirmé notre impureté par nos propres péchés.
Alors qu’Esaïe s’écrie Malheur à moi…, Dieu ordonne à l’un des séraphins de prendre sur le feu de l’autel une braise avec des pincettes. Avec, il touche les lèvres d’Ésaïe et dit « Puisque ceci a touché tes lèvres, ta faute est enlevée et ton péché est expié. »
La sainteté de Dieu exige qu’il agisse pour juger tout ce qui n’est pas saint mais en même temps son amour pour son peuple le conduit à fournir un moyen de purification. C’est ce que nous voyons ici avec le séraphin qui, prenant une braise sur l’autel, touche la bouche d’Esaïe et lui annonce que ses péchés sont pardonnés.
Ce geste nous rappelle que des milliers d’animaux innocents ont été sacrifiés sur des autels pour que les coupables échappent à la justice de Dieu. Mais aucun de ces sacrifices ne pouvait définitivement régler le problème du péché. Alors Dieu a offert son propre fils Jésus Christ pour que, lui qui n’avait jamais péché, il subisse à notre place le juste jugement de Dieu et nous déclare saints.
Nous sommes saints parce que mis à part par Dieu, justifiés par l’œuvre de Christ. Nous sommes son peuple, mieux : il nous appelle ses enfants et nous invite maintenant à vivre la sainteté que Christ nous a acquise sur la croix.
Après avoir exposé le principe de la justification par la foi pendant onze chapitres, Paul s’exclame au début du chapitre 12 :
« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » (Ro 12.1,2)