Tu rêves d’être princesse pourtant il y a bien mieux

Je broyais du noir, après une dure journée à la fac. Une amie a essayé de m’encourager : « Fidji, tu es une princesse, une héritière du grand Roi. Nous, les femmes chrétiennes, sommes toutes des princesses, n’est-ce pas merveilleux ? » Cette parole, qui aurait dû me faire du bien, m’a paru bizarre, incongrue. Pourquoi ce malaise ? Être comparée à une princesse, c’est génial, non ? Peut-être que ça te fait du bien d’être comparée à une princesse et que tu souhaiterais même qu’on te le dise plus souvent.

EST-CE BIBLIQUE ?

Je tiens à être claire dès le début, je ne suis pas viscéralement opposée à la comparaison « femme chrétienne = princesse » qui peut être attendrissante (et je vois d’où ça vient : la fille d’un roi est une princesse, avec tous les privilèges que cela implique). Mais je remarque juste que cette image peut être symptomatique d’une perception que les femmes ont d’elles-mêmes qui n’est pas biblique et diminue leur impact dans l’Église.

EST-CE RÉALISTE ?

Le monde des princesses est souvent décrit comme une alternative à Eden avec des nuages roses et des lapins qui font des cacas papillons. Mais le monde dans lequel je vis a été (un peu) écorché par la chute. Il est souvent
moche, il fait trop froid (et alors je tombe malade) ou trop chaud (et je transpire, beurk), les gens sont méchants, et je ne vis pas la vie d’une princesse : je dois descendre les poubelles, rentrer à la maison avec des cernes après 24h de garde, payer mes factures et m’accommoder de mes proches pécheurs comme eux doivent le faire de moi, pécheresse. Voilà pourquoi je ne me reconnais pas du tout quand on m’associe aux princesses, et pourquoi j’appelle toutes mes sœurs à examiner si elles veulent toujours être considérées comme des princesses après cela.

UNE PRINCESSE EST PARESSEUSE

Aurora, Blanche-Neige, Belle de La Belle et la Bête, la Belle au Bois Dormant… n’ont aucune occupation (familiale, ministérielle, professionnelle ou caritative). On se demande ce qu’elles font de leurs journées… Elles ne sont pas connues pour avoir élevé des enfants, participé
à une implantation d’Église, monté une entreprise, gagné un prix Nobel de la paix ou fait des études. Tout ce que l’on sait d’elles c’est « qu’elles eurent beaucoup d’enfants ». Je ne dis pas que c’est mal d’avoir des enfants et de se consacrer à eux, mais ici il n’est pas question d’une mère impliquée dans leur éducation, mais d’une mère paresseuse qui l’est sûrement en ce qui
concerne l’éducation et le bien-être de ses enfants.

Potiches de Walt Disney

Nous ne sommes pas des princesses mes soeurs, mais ça n’est pas une mauvaise nouvelle. Dieu ne nous appelle pas à une vie de sentiments simplistes et enfantins, mais à une espérance très concrète, et à le servir en étant ses disciples. Et la Bible n’encourage pas la paresse. Dieu nous a accordé des dons et nous appelle à les mettre en pratique. Nous devons les développer avec inventivité, créativité, énergie, diligence et discipline. C’est
peut-être moins glamour, mais c’est biblique (Genèse 2.15 ; Ecclésiaste 3.13 ; Ephésiens 4.28).

UNE PRINCESSE NE SORT PRESQUE JAMAIS DE SON CHÂTEAU ET EST IGNORANTE DU MONDE EXTÉRIEUR

Aurora est enfermée dans un donjon, la Belle au Bois Dormant reste 100 ans dans son château, La Belle et la Bête se déroule dans un seul lieu : le château. Tu vois l’idée. Pourtant, nous ne sommes pas appelées à être déconnectées du monde extérieur, sur un piédestal, incompatissantes à la misère et la crasse du dehors. Au contraire, nous devons nous joindre à tous
ceux qui sont dans les ténèbres pour leur apporter la lumière ! « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée » (Matthieu 5.14), alors pourquoi rester isolées dans notre cocon ?

UNE PRINCESSE EST PASSIVE

Toutes les princesses citées ci-dessus sont en détresse et leur secours leur vient d’un tiers (un homme, une fée ou une marraine). Devine comment la Belle au Bois Dormant conquiert le coeur de son prince ? Elle est belle. Et elle dort. Pendant 100 ans. Et Blanche-Neige ? Idem, elle dort. En revanche,
c’est beaucoup plus compliqué pour Raiponce qui doit (oulala c’est compliqué) dérouler sa chevelure pour que son sauveur l’utilise comme une échelle. Superbe message : ne faites rien, restez dans un état semi-comateux jusqu’à ce qu’un homme, ou quelqu’un d’autre, vienne vous délivrer. Sans mari, pas de salut. Tu rigoles peut-être, mais si nous continuons à nous identifier à des princesses, il n’est pas surprenant que beaucoup de filles évangéliques attendent le mariage comme la panacée et le moment où leur vie « commencera enfin ».

Glandeuses

UNE PRINCESSE EST BELLE, ET C’EST SA CARACTÉRISTIQUE PRINCIPALE

Je n’ai jamais vu de princesse moche ! D’ailleurs leurs prénoms sont des bons indicateurs : la Belle au Bois Dormant, la Belle et la Bête (et non pas la « Moche » et la Bête, ni la « fille normale »). La seule qualité indispensable et nécessaire pour être une princesse est la beauté.
Je sais que les filles sont obsédées par leur apparence. Mais je pense que l’on se trompe de question. La vraie question n’est pas « Suis-je belle ? » mais plutôt « Et alors ? ».

En réalité, je pense que Dieu n’est pas obnubilé par notre apparence physique. Je sais que, malheureusement, ça n’est pas le cas des gens autour de nous et notamment des gars, mais que veux tu : plaire aux hommes ou à Dieu ? Je ne dis pas qu’il faut négliger son apparence et être un sac devant tout le monde, dont son mari. Je dis juste que nous devrions être prêtes à sacrifier notre apparence si Dieu le demandait et qu’il se fiche pas mal de
notre beauté objective comparée aux filles photoshopées.
Aucune des princesses Disney n’aurait pu être missionnaire (leur brushing n’aurait pas tenu deux minutes en Inde ou au Népal, leurs robes non plus !). Je pense que parfois nous devrions abandonner le brushing pour prier 15 minutes de plus, lâcher l’affaire avec le régime qui nous laisse toute raplapla pour servir dans un projet d’Église, et nous passer de cette belle robe qui nous fait paraître plus mince pour donner 100 euros à la mission. Es-tu ce genre de fille ? Ou le genre qui ne peut pas sortir sans se maquiller ?

CONFINÉES DANS UN MONDE IRRÉALISTE

Digitally generated image.

Mais qu’est-ce qu’elles sont belles. Et alors ?

UNE PRINCESSE EST EXIGEANTE, OBNUBILÉE PAR ELLE-MÊME ET FIÈRE

Je peux comprendre qu’être appelées « princesses » est ce que la plupart des femmes attendent : elles veulent être flattées, cajolées et se sentir importantes. Les princesses sont les héroïnes de l’histoire et tout tourne autour d’elles.
Mais en tant que chrétiennes, nous sommes appelées à donner notre vie pour les autres. Quand Paul nous parle d’exercer l’amour, il dit : « lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant » (1 Corinthiens 13.11). Arrêtons d’exiger, comme une petite fille capricieuse, pour donner ! Une fille de Dieu imite Christ en se sacrifiant pour les autres, en servant sans faire valoir ses droits et en aimant les autres comme une servante. Elle prend la dernière place, non la première.

Capricieuses

COURONNE DE PRINCESSE ET COURONNE D’ÉPINES

Si nous vivions au pays des merveilles, nous pourrions nous permettre de
penser que nous sommes des princesses. Mais nous sommes dans un monde déchu et nous sommes des agents de changement. Nous ne sommes plus des petites filles, et j’échange volontiers ma couronne de princesse contre une couronne d’épines. Elle a peut-être moins de paillettes, mais c’était celle de Jésus et je veux la même ! Et j’appelle toutes mes sœurs à faire pareil…

AGENTS DE CHANGEMENT

La vie de princesse (avec le mariage de princesse et le mari-prince qui va avec) est une illusion puérile et l’on est en train de passer à côté de ce que Dieu veut pour nos vies. Ma vie n’est pas un conte de fées, mais ce n’est pas ce que Dieu m’a promis. Il m’a promis une espérance et la promesse de la vie éternelle à ses côtés. Ça me suffit ! Et je suis prête à porter ma croix, même si c’est ce qui s’éloigne le plus de la vie de château.