Hervé à Koh-Lanta?

Fin de semaine bien méritée. Je glande passivement devant la télé où Koh-Lanta s’impose. Quand tout à coup me voilà sorti de ma torpeur ! Ai-je bien entendu cette voix familière ? Et cet accent franc-comtois improbable ! Pas de doute en regardant de plus près c’est bien « l’Hervé » comme on dit chez nous. Mais que fait-il donc dans Koh-Lanta ? Habituellement c’est dans le cadre des églises du CNEF1 de Montbéliard que je le rencontre. Sa présence me titille un peu, d’où l’idée de lui poser deux, trois questions. Finalement, c’est Radio-Oméga (Radio chrétienne) qui se charge de l’interrogatoire radiophonique.

Koh Lanta en Polynésie: les Armes Secrètes. ©A.Issock/ALP/TF1/Starface

Candidat malheureux ou heureux ?

Jean-Philippe (Radio-Oméga) : Bonjour Hervé ! Alors j’allais dire malheureux candidat (éliminé à mi-parcours) mais on va voir si le terme est bien choisi. On entend parfois que ce n’est qu’un jeu mais en réalité on voit bien que l’implication des candidats est plus importante ! Finalement, c’est le jeu qui reste ou le rapport aux autres ?

Hervé (Koh-Lanta les armes secrètes) : C’est un peu des deux. Le jeu parce qu’on garde les souvenirs de ce qui s’est passé. On garde que les bons souvenirs en fait. On en arrive assez bien à évacuer les moments difficiles ou les moments qui ne nous ont pas plu. Donc en général on garde quand même assez le positif du jeu. En même temps, on garde aussi un rapport ou un contact avec les autres aventuriers. Y’a quelque chose qui fait que dans la difficulté ou dans les déceptions on lie parfois des amitiés.

Dans la difficulté ou dans les déceptions on lie parfois des amitiés

Une fois le flambeau éteint

J.-P. : C’est comment l’ambiance après le jeu lorsqu’on a été éliminé et qu’on retrouve des candidats ? C’est plutôt sympa ou c’est plutôt tendu ?

H. : Bizarrement je pensais que ça serait une ambiance tendue. A l’inverse en fait, ça a été une ambiance plutôt sympathique, agréable. Alors au début on n’a pas envie d’accueillir les candidats sortants parce qu’on s’habitue à être en petit comité. Dès qu’il y a un nouvel arrivant, les premiers temps sont difficiles, mais après on s’y fait, et dans l’ensemble ça se passe plutôt bien. A partir du moment où on est un peu plus nombreux, les rapports sont plus difficiles.

Nouvelle vie sur les réseaux sociaux

J.-P. : On vient de parler de la fin du jeu, mais il y a encore l’après jeu ! Aujourd’hui vous êtes très présent sur les réseaux sociaux, vous avez quasiment 13 000 abonnés sur Instagram. Est-ce que Koh-Lanta a changé quelque chose dans votre rapport aux réseaux sociaux ?

H. : Mon rapport avec les réseaux a changé, oui, puisque je n’étais pas Réseaux Sociaux du tout ! Par la force des choses je m’y suis mis ! J’ai une chance d’avoir un ami dont c’est un peu le travail. Il m’aide beaucoup. Sinon je pense que j’en aurais pas le temps, et pas l’envie. Je limite quand même mes interventions à des moments qui me semblent importants, des moments que j’ai envie de dévoiler.

Je m’amuse à faire beaucoup de photos, d’autographes

La notoriété

J.-P. : Est-ce que l’aventure Koh-Lanta a changé quelque chose dans votre rapport aux gens ?

H. : J’ai des demandes d’un peu partout et de n’importe quoi. Alors je trie, en fonction de ce qui correspond à mes valeurs, ce qui me semble important de laisser paraître en lien avec ma visibilité. Ces temps-ci, je m’amuse à faire beaucoup de photos, d’autographes. Les gens sont particulièrement sympas. Pour moi ce sont de bons moments.

Les gens sont particulièrement sympas

©A.Issock/ALP/TF1/Starface

Les sollicitations

J.-P. : Vous faites partie des personnes qui ont quitté l’émission avec une certaine popularité. Des sociétés ou des organismes vous ont-ils approché dans le but d’utiliser votre image, ou l’image que vous avez renvoyée lors du jeu ?

H. : On m’a sous-entendu une publicité pour des paris sportifs, que j’ai refusée. Je dis à mes enfants tous les jours qu’il faut travailler pour gagner de l’argent, et pas pour faire une pub pour des paris sportifs. Ça ne fait pas partie de mes valeurs. J’ai été contacté par une société qui fabrique des sacs à dos. On va développer ensemble un sac à dos pour le VTT qui est ma passion. J’ai aussi été contacté par l’armée française.

C’est pour soutenir une cagnotte pour des blessés de guerre

Les épreuves comme à Koh-Lanta continuent

J.-P. : L’armée française ? Et ça, ça correspond à vos valeurs ?

H. : Oui bien sûr ! Je pense que c’est rare que l’armée vienne vous chercher pour vous dire que le comportement que vous avez eu dans l’émission correspond à leurs valeurs. Et qu’elle aimerait vous faire participer à ce qui vous a le plus plu dans le jeu, c’est-à-dire le parcours du combattant. Je vais donc faire le parcours du combattant avec les militaires. Ils vont consacrer une après-midi à m’entraîner et à faire des chronos avec moi. Je trouve ça super intéressant ! Et en même temps c’est pour soutenir une cagnotte pour des blessés de guerre. Je me donne donc à fond dans ce projet-là.

Koh Lanta en Polynesie: les Armes Secretes. ©A.Issock/ALP/TF1/Starface

La difficulté n’a rien changé

J.-P. : On dit souvent que Koh-Lanta est une véritable aventure. On parle du dépassement de soi comme une nécessité. Est-ce que ça a été votre vécu ?

H. : Alors justement, j’ai participé à Koh-Lanta pour ce dépassement de soi, pour me connaître plus profondément. Mais en fait, ça ne m’a pas révélé grand-chose de plus sur moi, car j’ai toujours su de quoi j’étais capable. Du coup cette expérience est vraiment venue prouver tout ça. Un peu comme une authentification de ce que j’étais finalement.
Donc non, je n’ai pas été comme transformé du tout au tout. Koh-Lanta ne m’a pas donné envie de voir les choses autrement. Mais cette expérience m’a encouragé à continuer sur la voie qui était déjà la mienne.

J.-P. : En fait, ça vous a plutôt apporté des confirmations ?
H. : Exactement !

La même foi en toute circonstance

J.-P. : Quand on vous suit bien on comprend que vous ne cachez pas votre foi chrétienne, est-ce que c’est quelque chose qui vous porte ?

H. : Oui je suis chrétien. Je ne sais pas si ma foi m’a aidé. Mais j’avais peut-être envie de prouver que ce n’est pas parce qu’on croit en Dieu qu’on ne peut pas participer à ce genre d’émission télévisée, ce genre de jeu stratégique où l’on construit des alliances. Pour moi c’est faisable tant qu’on reste dans des actions louables, et qu’on s’impose certaines limites. Je me refuse à tomber dans certains vices. Est-ce le fait d’être chrétien ? Je n’en suis pas sûr. En tout cas, je suis en chemin ! Après, naturellement, on n’est pas tous faits pareil ! Certains tomberont plus facilement dans des pièges alors que d’autres éviteront ces dangers plus naturellement… On est tous différents…

La question de l’existence de Dieu revenait vraiment très souvent

La même question pour tout le monde

J.-P. : On parlait tout à l’heure de dépassement de soi, est-ce que votre foi a changé ou grandi durant cette aventure ?

H. : Non je ne pense pas. Je crois qu’elle est restée la même et d’ailleurs j’ai pu m’apercevoir qu’on a tous cette question existentielle au fond de nous. En discutant avec les camarades de l’émission j’ai pu constater que la question de l’existence de Dieu revenait vraiment très souvent. De manière voulue ou non d’ailleurs ! Car c’est clair que quand on est tout seul, sur une île, c’est normal que la question de notre existence (et de l’existence de Dieu) revienne de manière quasi systématique..

Je n’ai pas envie de nourrir ma rancune

Combattre la rancune

J.-P. : Alors certes, vous parlez de vos camarades, mais certains candidats ne vous ont pas épargné, que ce soit pour des raisons stratégiques ou des raisons de feeling. Est-ce qu’aujourd’hui vous leur en voulez ?

H. : Pour certains oui, pour d’autres non… C’est difficile de répondre tout à fait à la question. Est-ce que le temps effacera certaines rancunes ? Peut-être, peut-être pas… J’ai jamais vraiment été quelqu’un de rancunier mais suite à l’émission je me suis aperçu que j’avais quand même de la rancune envers certaines personnes. Je ne sais pas si le temps la fera disparaître mais pour l’instant je n’ai pas envie de la nourrir, c’est tout.

Ne joue pas avec ta personnalité

J.-P. : Il y a des gens qui vont écouter ou lire cette interview spécialement parce que l’on parle de Koh-Lanta, avez-vous des conseils à donner à des auditeurs/lecteurs qui aimeraient participer à cette émission ?

H. : Oui ! Je dirais que pour participer à l’émission il faut d’abord bien se connaître ! En fait, c’est super important de rester soi-même tout le temps. Je pense qu’il ne faut pas mentir sur son identité, sur qui on est vraiment. Mon conseil serait de vraiment jouer franc-jeu dès le départ, c’est-à-dire depuis les sélections jusqu’à ce qu’on arrive dans le jeu en lui-même. Parce que ce serait vraiment dommage de mentir et de ne finalement pas trouver sa place au moment du jeu.

C’est super important de rester soi-même tout le temps

©A.Issock/ALP/TF1

Mon sac est déjà prêt

J.-P. : Si la production vous rappelle pour une autre édition du jeu, vous y retourneriez ?

H. : Attendez, laissez-moi y réfléchir deux secondes (rires)… Oui bien sûr !
Évidemment, la réponse est oui ! J’y retournerais. Pour une raison toute simple : au fond de moi je pense être sorti du jeu trop tôt à mon goût ! Alors bien sûr, j’ai ressenti beaucoup de soutien, beaucoup de bons retours et jamais de critiques (tant mieux pour moi) ! Mais j’ai quand même le sentiment de n’avoir effectué que la moitié du parcours. Donc concrètement, j’aurais l’autre moitié du parcours à effectuer ! J’aurais vraiment voulu participer aux épreuves individuelles dans lesquelles j’aurais pu me démarquer. Si on m’appelle, c’est vraiment une des raisons pour lesquelles je répondrais positivement sans hésiter. Oui, finalement le rêve c’est toujours d’aller plus loin ! Le plus loin possible !