Une fois n’est pas coutume, c’est d’un vieux film (1984) que j’ai choisi de parler. C’est l’un des premiers longs-métrages de Miyazaki, et si certains détails semblent datés, il n’en est pas moins un chef-d’œuvre. Les décors sont sublimes, la thématique est très actuelle, bref : je le recommande. Le réalisateur s’est pas mal inspiré de thèmes bibliques, que je me suis amusée à relever.
Métaphore du péché
L’intrigue prend place dans un futur post-apocalyptique, dans un monde ravagé par un accident nucléaire où subsistent quelques tribus, réfugiées dans des vallées protégées par les montagnes. C’est dans la plus grande, la vallée du vent, que vit la princesse Nausicaä, adolescente experte du vent et de la nature. Mais l’équilibre de ces vallées est menacé par une forêt toxique invasive, peuplée d’insectes géants, où l’air est irrespirable sans masque.
Celle-ci gagne du terrain : la moisissure galopante laissée en friche, qui se développe quand rien n’est fait pour l’arrêter, cela me fait penser au péché. Lorsque nous nous laissons aller à nos penchants, le péché nous envahit et nous intoxique.
La folie des Hommes
Miyazaki critique ici le penchant des Hommes à défier sans fin leur envi ronnement en se croyant au-dessus des lois, exactement comme nous le faisons depuis la chute vis-à-vis de Dieu et de sa création. La temporalité du film, prenant place dans le futur malgré un mode de vie quasi médiéval, accentue cette critique : l’Homme, aveuglé par sa cupidité et son envie de dominer, répétera toujours les mêmes erreurs si rien ne vient briser le cycle.
Au fur et à mesure du film, des tensions et des conflits se créent entre les différentes tribus. Celle des Tolmèques, menée par une prin cesse avide de pouvoir, veut asservir les autres peuples et leur territoire.
La solution proposée par leur leader contre la forêt semble la pire de toutes : réveiller un grand guer rier des temps anciens qui brûlera l’intégralité de la forêt toxique. Mais Nausicaä sait que la solution n’est pas la destruction, mais bien la restauration, la réparation, car la forêt n’a pas toujours été empoisonnée. Dans un passage au graphisme épous touflant, on découvre qu’elle s’est installé un laboratoire secret et a réussi à recréer la version pure de cette forêt, en la nourrissant correc tement. Elle sait alors que les Hommes doivent reconnaître leur infériorité avec humilité, et se plier à ce qui est plus grand qu’eux.
Ça ne te fait pas penser à quelque chose ?
Un sauveur pour ramener la paix
Assez tôt dans le film, il est évoqué une « vieille prophétie » qui sonne familièrement : un sauveur viendra sur terre pour ramener la paix et réconcilier les Hommes et la nature. C’est évidemment Nausicaä qui s’y collera (on le devine assez tôt), au terme d’une longue série d’épreuves qui montreront à la fois son humanité, son courage et sa foi. On ne peut que penser à la vie de Jésus sur Terre, venu pour réconcilier les Hommes, et non pas avec la nature, mais avec son créateur, Dieu. Nausicaä ira jusqu’à sacrifier sa vie, se jetant au milieu d’une horde d’insectes géants en colère. L’analogie avec Christ continue, car elle sera ramenée à la vie peu après.
Son geste apaise toutes les colères, et les Hommes sont réconciliés, en paix avec leur environnement, la forêt redevient saine. Le générique de fin comporte une très belle image, le masque à gaz au sol, devenu inutile, sur lequel a poussé une fleur.
Ce n’est pas avec la nature qu’il faut se réconcilier mais bien avec Celui qui l’a créée, Dieu.
Le jardin d’Eden, avant et … après ?
Moi, je me dis que tant que le péché règne sur le monde, l’Homme ne sera pas en harmonie avec la nature, à l’exemple de sa mauvaise domination sur le vivant, au prix d’un bain de sang. Désolée, les viandards, mais dans le jardin d’Éden, l’Homme ne mangeait personne à part des fruits (lire Genèse 1 v 26 – 31). Je dis ça pour plaisanter, mais je me prends souvent à rêver à un monde foisonnant de vie végétale et animale qui cohabite en paix ; le monde d’après le retour victorieux de Jésus. En attendant, pour voir cela un jour, contrairement au film, ce n’est pas avec la nature qu’il faut se réconcilier, mais bien avec Celui qui l’a créée, Dieu. Et c’est possible seulement en reconnaissant le sacrifice de Jésus venu sur terre, mort pour sauver tous les Hommes, puis ressuscité !