« L’écologie ? Non, ce n’est pas sérieux ! Franchement, pourquoi se soucier des pâquerettes et des coccinelles alors que des personnes souffrent et n’ont pas de quoi manger là, dans ma ville, dans mon pays ? Et je ne te parle pas des besoins innombrables que des êtres humains ont dans d’autres pays, pense seulement au Yémen où la guerre civile fait rage et où une nouvelle famine est annoncée. Alors, non, pourquoi me soucier de l’environnement ? C’est une question de priorités ! »
Sur le devant de l’actualité
Cette réflexion elle était là dans ma tête. Je ne la communiquais bien sûr pas, mais au fond de moi, c’est bien ce que je pensais. Passionné des questions d’histoire, des défis de sociétés, je dois dire que le souci de prendre soin de la Création de Dieu m’est presque tombé dessus ! Dans le cadre de mon nouveau travail avec StopPauvreté il y a trois ans, j’ai dû, entre autres, mettre sur pied un projet pour encourager les Eglises en Suisse romande à s’engager pour la Création, nommé EcoEglise, et cela a été le début pour moi d’une grande réflexion.
Je devais, pour pouvoir accomplir mon travail avec une bonne conscience, résoudre cette question : l’environnement fait-il partie de la pratique de la foi chrétienne ? Et ce sont trois raisons qui m’ont poussé à répondre par l’affirmative à cette question et je souhaite te les présenter ici.
1) C’est un mandat donné par Dieu à l’humanité
Tout d’abord, un mandat de prendre soin de la création a été confié à l’humanité, selon ce qui est écrit dans le premier livre de la Bible, la Genèse. Cette création il la trouvera bonne et même très bonne lorsque l’homme et la femme y sont créés à partir de la poussière de la terre. Le péché va créer une séparation et une distanciation entre le Créateur et sa création. Mais Dieu va continuer de soutenir l’ensemble de sa création. C’est lui qui continue, après la chute, de donner le souffle, l’habitat et la nourriture à l’ensemble de sa création (Psaume 104). Dieu a toujours souhaité poursuivre cette relation malgré la chute.
Un jour le roi David s’est posé cette question :
Qu’est-ce que l’homme pour que toi, Dieu, tu te soucies de lui ? Qu’est-ce que l’être humain pour qu’à lui tu t’intéresses ? « Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu lui as donné la domination sur ce que tes mains ont fait, tu as tout mis sous ses pieds, les brebis comme les bœufs, et même les animaux sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui parcourt les sentiers des mers. Eternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique sur toute la terre ! » (Psaumes 8.6-10).
Sa réponse est tellement surprenante ! Chacun de nous, toi, moi, nous sommes des rois et des reines ayant une responsabilité et un mandat de gestion de la terre. Nous sommes comme un premier ministre dont le pouvoir a été délégué et qui doit gérer le pays. Une responsabilité nous est donnée et nous devons rendre des comptes à Dieu sur la façon dont nous gérons ce mandat. Dans ce mandat qui nous est donné, souhaitons-nous être tel un roi tyrannique qui utilise ce pouvoir pour se glorifier lui-même et qui exploite les ressources à sa disposition de façon égoïste ou tel un roi serviteur qui est au service du Roi des rois dans une gestion harmonieuse et respectueuse de sa création ? Chaque aspect de mon comportement et de ma façon de vivre est une réponse à ce mandat que Dieu m’a confié.
2) Mon prochain comme motivation
Ma deuxième motivation est de réaliser que se soucier de l’environnement c’est justement se soucier des hommes. Le mandat social de prendre soin de notre prochain est intimement lié au mandat de prendre soin de la création. Si je détruis les écosystèmes dans lesquels se trouve mon prochain et qui lui permettent de vivre alors je vais atténuer son bien-être. Nous sommes sans cesse aujourd’hui alertés par les scientifiques et les médias, sur la façon dont nous gérons les ressources de la planète. Notre utilisation des plastiques, la dégradation des sols ou encore la perte de la biodiversité sont toutes des conséquences de notre gestion de la création de Dieu et où nous, les humains, avons une responsabilité. Un signal d’alerte nous est envoyé aujourd’hui par les scientifiques et notre société, qu’en faisons-nous ?
3) Face à l’anxiété écologique, la réponse de la foi
Ma troisième motivation pour me soucier de la création est ma valeur ajoutée en tant que chrétien face à cette crise écologique. Notre société a besoin de réponses. On parle toujours plus d’éco-anxiété et de troubles liés à cette crise. Selon une étude IFOP 2018, 9% des 18-24 ans sont inquiets du réchauffement climatique. Quelles réponses apporter à ceux qui nous entourent ? Cette crise climatique est aussi une crise spirituelle et en tant que chrétiens, nous avons un message à faire passer, un message d’espérance.
Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
Tout a été créé par lui et pour lui. Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui.
Colossiens 1. 15, 16b-17
La Bible nous enseigne que la vraie cause de cette crise se trouve dans notre cœur : l’orgueil, l’égoïsme, la corruption, entre autres, produisent cette gestion défectueuse qui engendre des souffrances dans la société et des désordres dans la nature. Il est évident que nous n’allons pas nous, sauver le monde. Nous avons besoin d’un rédempteur, de Jésus. Notre espoir est que Dieu est bon et qu’il a la volonté de restaurer toute la création qu’il n’a pas abandonnée. Dieu continue d’intervenir. Colossiens 1.15-20 nous dit en substance que Jésus est la source de la Création, en Lui toutes choses ont été créées. Il est le soutien de la Création, il en est le propriétaire et tout a été créé par Lui et pour Lui « Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix » (v.21).
Même à la fin des temps la terre n’est pas oubliée
Mais la terre, est-elle vouée à être détruite et à disparaître entièrement ou sera-t-elle transformée et renouvelée ? Différentes compréhensions théologiques existent parmi les chrétiens quant au sort de la Création pour la fin. Certains pensent que la terre sera entièrement brûlée et anéantie par un feu. D’autres, et je me situe davantage dans cette compréhension, pensent que le monde ne sera pas anéanti, que seul l’état actuel sera détruit par le feu et que le monde présent sera transformé en un ciel nouveau et une terre nouvelle impérissables. L’apôtre Paul partage ce grand espoir qu’un jour la création « a l’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. » (Romains 8.21).
«Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » Luc 10. 27
Dieu crée la terre et mon prochain se trouve sur cette terre
Enfin, j’aime croire que nous avons un Dieu qui est cohérent. Dieu nous donne ce grand commandement de l’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force et de toute notre pensée (Luc 10.27).
Mais si nous n’aimons pas Sa Création, si nous n’aimons pas et ne prenons pas soin de ce que lui-même a trouvé bon, alors comment pouvons-nous dire à Dieu que nous l’aimons lui, alors que nous ne prenons pas soin de ce qu’il nous a confié ?
Et lorsqu’il nous donne ce second commandement qui est d’aimer notre prochain comme soi-même, si nous détruisons les écosystèmes qui permettent à des personnes, à des humains de vivre, alors de même, comment pouvons-nous dire à Dieu que nous sommes cohérents et que nous aimons notre prochain ?
Pour ma part, ces questions m’ont amené à comprendre qu’être chrétien et prendre soin de la création ne s’opposent pas, bien au contraire, plus je lis la Bible plus j’ai envie de prendre soin de ce que Dieu m’a confié !
Que Dieu te bénisse dans ton cheminement sur ces questions.