Du sel ou du gravier

Cet été, j’ai voulu faire plaisir à ma chérie en allant lui acheter des petits pains briochés tout frais pour son petit-déjeuner. Une fois attablés, j’attends silencieusement son commentaire plein de reconnaissance… Comment dire… Il m’a suffi de voir l’expression sur son visage pour comprendre que quelque chose n’allait pas.…

« Bizarre comme goût, ces petits-pains », me fait-elle gentiment. Et elle ajoute, « Pour que ça passe, il faut vraiment mettre beaucoup de confiture » !

Tu l’as certainement deviné. J’avais choisi (sans m’en rendre compte) des petits-pains « sans sel » ! Quel idiot !

Le sel rend la vie plus belle

Bien plus que juste le goût salé 

Avec ou sans sel, ça fait franchement toute la différence ! Et une différence qui est bien plus que simplement ajouter un goût salé.

Apparemment, avant même de mettre la nourriture en bouche, ajouter du sel aiderait au relâchement de certaines molécules dans l’air, ce qui augmenterait l’odeur de l’aliment et contribuerait à nous mettre en appétit. 

Le sel permettrait de modifier les réactions chimiques qui se produisent lors de la préparation et la cuisson des aliments, et ainsi de rehausser le goût des différentes saveurs. 

Par ailleurs, le sel aurait également un impact sur les réactions biochimiques des papilles gustatives en permettant à plus de récepteurs sur la langue de réagir à la nourriture que nous mangeons, et aux papilles gustatives d’envoyer une plus large gamme de signaux électriques au cerveau. En ressentant ainsi davantage le goût, la nourriture que nous mangeons nous paraît meilleure. En résumé, le sel rend la vie plus belle.

En fait, les 2 éléments principaux qui constituent notre sel, les ions de chlorure et sodium, sont simplement essentiels pour la vie de toutes les espèces vivantes.

Vous êtes le sel de la terre

Un grain de sel dans les discours de Jésus

L’analogie du sel était une des préférées de Jésus. Il l’a utilisée 3 fois pour caractériser directement ses disciples (Matthieu 5:13 – Luc 14:34 – Marc 9:50). « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes. » Matthieu 5. 13 Et elle a dû plaire à Paul, qui se l’est appropriée lui-même en s’adressant aux chrétiens de Colosses (Colossiens. 4:6).

Un grain de sel chez les disciples de Jésus

Ainsi, la vie des disciples de Jésus devrait être marquée par « le sel » : 

  • en eux-mêmes, 
  • à travers eux-mêmes pour le monde, 
  • dans leurs paroles avec leurs prochains. 

Le sel devrait tellement caractériser le disciple, que Jésus répète à chaque fois le même drame : « si le sel perd sa saveur »…

Du sel fade et sans identité

Il faut juste remarquer qu’à l’époque de Jésus, c’était tout à fait possible. Le sel était en effet constitué de toute une série de minéraux ramassés au bord de la Mer Morte (super salée). Donc, si les éléments de sodium (la partie salée) étaient dissous, il restait quelque chose qui ressemblait à du sel, mais n’était finalement plus qu’une sorte de gravier, tout juste bon pour « refaire la route » (« jeté dehors et piétiné par les hommes », Matthieu. 5:13).

Être le sel de la terre n’est pas une option 

Un disciple fade et sans identité ?

Donc, si le sel marque de fait l’identité du disciple « vous êtes le sel » (ce n’est pas une option) le disciple peut éventuellement perdre sa saveur et devenir une sorte de gravier ! 

Et c’est doublement dramatique : pour le disciple lui-même, qui « dilue » complètement son identité et perd sa raison d’être (donner de la saveur), et pour la vie de « la terre », de tout ce qui l’entoure, qui devient insipide et perd tout espoir de saveur.

Ai-je vraiment du goût ?

Si je suis disciple de Jésus, je suis « le sel » – cette question-là ne se pose pas – mais quel genre de sel ? Du sel ’salé’, qui donne du goût de vivre tout autour, ou du sel ’gravier’, qui ne change rien, aucune utilité, aucune saveur ?

Et quel goût dois-je avoir ?

Mais c’est quoi cet impact unique du disciple, qui rend la vie des autres autour de lui plus « savoureuse » ? Jésus nous donne plusieurs indications dans les versets qui entourent ses analogies. 

Dans le texte de Matthieu, Jésus poursuit son analogie du sel par celle de la lumière – « vous êtes la lumière du monde » – et il explique « que votre lumière doit briller devant tous les hommes, pour qu’ils voient le bien que vous faites » (version Semeur). 

Et juste avant sa comparaison racontée par Marc (chapitre 9, à partir du verset 33), Jésus montre l’importance de prendre soin des plus petits, et d’être le serviteur des autres.

La marque unique de Jésus dans la vie de ses disciples, qui caractérise leur identité même, c’est son amour en action au service de ceux qui les entourent, et en particulier des plus petits, des plus faibles. Cet amour unique est tellement important que Jean, dans sa première épître, va souligner que « celui qui aime est né de Dieu et il connaît Dieu », et à contrario « qui n’aime pas n’a pas connu Dieu » 1 Jean 4:7-8 

Et c’est justement cet amour-là que Dieu a versé dans le cœur de chaque disciple par son Esprit (Romains. 5:5).

Notre monde a désespérément besoin de saveur. Dieu donne à chacun tellement de bonnes choses, mais beaucoup ne peuvent pas les apprécier, et leur vie est bien souvent insipide.

Donne de la saveur à ceux qui t’entourent

Voilà notre défi sur cette terre : donner de la saveur à la vie de ceux qui nous entourent en les aimant, non pas en théorie, mais en pratique. Pas un amour « qui se limite à des discours ou à de bonnes paroles » (1 Jean 3:18), mais en actions concrètes.

Soit pratique et concret 

Alors vas-y, demande à Dieu chaque matin de te donner pendant la journée au moins une occasion de manifester son amour, comme Jésus l’aurait fait, en aidant, en servant, ceux que Dieu met sur ta route. Tu rendras leur vie plus savoureuse.

C’est à chacun de nous de choisir, et cela va nous coûter. Il va falloir faire des efforts, peut-être même renoncer à certains droits, à certains privilèges, se priver, se sacrifier, pour l’autre… comme Jésus l’a fait pour toi. Ainsi, nous serons vraiment ses disciples, qui marchent avec lui et se laissent transformer pour devenir comme lui.

Alors voilà ton choix :  du sel effectivement « salé » ou juste du gravier ?