Jean-Jacques – Qu’a représenté la drogue pour toi ? Quel intérêt ?
David – La drogue c’est un moyen de s’éclater, un moyen social de prendre du plaisir, de se sentir exister, de faire la fête. C’est aussi l’envie “de me mettre bien”. Mais c’est parce qu’en fait, j’étais mal. Nous parlons de drogues mais y a-t-il des différences ? À l’époque où je consommais de la drogue, je pensais qu’il y avait des différences. Je me disais qu’une drogue douce ne causerait pas la même addiction, que je pourrais m’arrêter quand je voudrais. En mettant des degrés différents, on se permet certaines choses. Mais là où il n’y a pas de différence, c’est que l’on en devient accro. En cela, toutes les drogues sont pareilles. Même s’il y a des degrés dans la puissance des produits et des addictions générées.
Est-il possible de consommer “malin”, sans addictions ?
J’ai observé dans ma vie et dans la vie de mes amis que le consommateur festif, celui qui ne consomme qu’en soirée, tôt ou tard, il se fait avoir. Même là, l’addiction se crée. Cela peut n’être qu’à certaines occasions, juste pour les fêtes mais cela reste une addiction. À chaque occasion de fête, on en a besoin. On ne sait plus faire sans.
Est-ce qu’il y a eu un moment dans la consommation de la drogue où il n’y avait plus de plaisir ?
Oui. Et ce sont les moments les plus difficiles. Parce que tant que j’y prends plaisir, que je crois pouvoir me contrôler, c’est l’éclate. Il y a un moment où cela ne fait plus du bien, cela fait même du mal, où je me renferme, je sais que j’en suis esclave et que je ne peux pas m’en sortir. C’est le début de la période noire que j’ai vécue pendant 3 ans. C’est une période horrible où l’on a ce besoin vital, cela devient un médicament, mais ce médicament nous fait du mal.
À quel moment as-tu eu envie d’arrêter ?
Quand je n’ai plus rien contrôlé. En fait, on croit que l’on gère tant que l’on n’a pas essayé d’arrêter. C’est très progressif mais il y a un moment où les doses augmentent, où cela devient journalier, où l’on se réveille la nuit pour fumer des pétards, où on les roule à l’avance pour en avoir toujours un de prêt, où l’on ne peut pas envisager sa journée sans la commencer par fumer un ou deux ou trois joints. La vie tourne autour de cela : soit on en a, soit on en cherche. C’est à ce moment-là que l’on se rend compte de la puissance des produits dans notre corps, dans notre vie, la place que cela a. J’ai fait plusieurs tentatives pour arrêter mais c’était impossible ! On voit qu’il y a un problème mais on le masque, on remet à demain et on continue. C’est aussi le moment où l’on comprend que la drogue détruit. Elle a détruit certaines capacités mentales notamment de mémorisation. Sur la fin, elle m’a rendu parano.
Qu’est-ce qui a fait que finalement tu as pu arrêter ?
C’est quand Jésus a touché mon coeur. J’ai entendu parler de l’Évangile petit, je suis allé à l’école du dimanche, puis je l’ai à nouveau entendu par mon frère qui avait donné sa vie à Christ et qui me voyait déraper. Ma capacité à croire que je pouvais m’en sortir seul m’empêchait d’aller vers Christ. Mais un jour, mon coeur s’est ouvert à ce que Christ voulait pour moi et là, j’ai eu la chance (que j’appelle grâce maintenant) d’arrêter tout en bloc. Quand j’ai compris ce que Christ voulait pour ma vie, je n’en ai plus du tout eu envie. Ce n’est qu’un témoignage, je connais d’autres personnes chez qui cela a été dégressif. J’ai eu quelques rechutes. Par exemple, le Nouvel An qui a suivi, j’ai tiré quelque lattes sur un joint, acheté un paquet de clopes que j’ai jeté. Mais je n’ai plus eu de sensation, de goût pour cela. Christ est venu enlever l’esclavage. Nous ne sommes plus esclaves de nos passions. Il nous donne la force par son Esprit. Ce que je n’avais pas pu faire par mes propres forces, c’est Lui qui m’a permis de le faire. Quand on Lui laisse la place dans nos vies, Il la prend.
Ce numéro de Ta Jeunesse s’intitule “Cet été je teste tout”, alors pourquoi est-ce que je ne testerais pas la drogue ?
Il y a plusieurs types de personnes. Quand on dit que quelque chose est brûlant, certains ne vont pas y toucher mais d’autres si… Certains pensent que ce sont leurs expériences qui vont les amener à une réflexion et savoir si c’est bien ou pas. Le problème avec la drogue, c’est qu’elle est tiède au départ… Il y a un verset que j’aime beaucoup : “L’Eternel est près de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité ; il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, il entend leur cri et il les sauve.” (Psaume 145 : 18-19). Dieu m’a sauvé, mais la grâce et la puissance de Dieu qui libère ne sont pas un appel à s’engager dans un chemin qu’il réprouve. Et ce que j’aurais aimé par-dessus tout, c’est de ne pas être entré dans ce chemin, d’avoir entendu son appel plus tôt pour ne pas avoir eu à être délivré de cela.
Gagne du temps : commence cette interview par la fin ! J’avais un jeu avec toutes les cartes : sexe, drogue, fête, etc. La carte de Jésus était dans mon jeu, j’avais entendu l’Évangile mais je trouvais cela ridicule, cette carte, moi, je l’ai utilisée en dernier…