Je ne vais pas tourner autour du pot pendant 36 lignes. La Bible t’expose que Christ a démontré un état d’esprit de service et une vie de service qui t’a ouvert la possibilité du salut. Ses enfants sont naturellement invités, avec son aide, à avoir les mêmes dispositions. Seulement le service n’est pas une option sur Sim’s, c’est la vie de tous les instants, où il faut être dispo et réactif, sinon tu restes dans le concept, et les autres en carafe !
Toutes ces années consacrées à Dieu pour …
La salle est comble. Mes parents et amis sont venus de loin pour la cérémonie de remise de diplôme qui sanctionne brillamment mes 5 ans d’étude de la Bible, de devoirs, de stages. Aujourd’hui, c’est la conclusion de toute cette formation : maintenant, je suis pasteur. Comme une apothéose, le directeur en personne donnera notre prédication d’envoi dans le ministère. Tout comme mes camarades, nous sommes dans l’attente des paroles qu’il nous a réservées. Va-t-il, avec une verve inspirée, nous transcender pour que nous soyons à jamais des prédicateurs de feu, ou…
… une apothéose ?
Les spéculations s’arrêtent au moment où il monte en chaire. Avec son charisme habituel, il capte l’auditoire qui boit ses paroles. Puis, tout à coup, il ôte sa veste de costume, enlève sa cravate, défait ses boutons de manchettes et retrousse ses manches de chemise puis se met à genoux. Que lui arrive-t-il ?
Rien. En fait, il illustre juste le passage qu’il vient de lire. Jean chapitre 13. Avions-nous oublié ce que dit ce texte ? Nos têtes étaient-elles ailleurs ? Pourtant ce texte classique n’est pas difficile à comprendre.
– Jésus rappelle aux disciples que le service n’est pas un concept, une activité, un moment mais une disponibilité pratique de tous les instants pour l’autre.
Le Fils de Dieu a été l’exemple type de serviteur. Ses enfants, ses disciples doivent l’être au minimum.
Pour être disponible 24h/24 !
Le message était clair. Mes années d’étude et de stage n’étaient rien du tout si je n’avais pas la disposition d’être au service de ceux qui m’entourent.
Ce qui est important, ce ne sont pas tous les diplômes chrétiens que j’aurais pu obtenir, mais la vie de serviteur que j’offre là où Dieu me place (24h/24).
Et finalement pourquoi être le «larbin» des autres ?
Christ a été l’exemple parfait. Lui qui avait le summum auprès du Père a tout laissé par obéissance et amour pour toi, pour exprimer l’esprit de service total qui l’habitait. Il a mis de côté gloire et honneur pour rendre parmi nous le service le plus utile de toute l’histoire de l’humanité : la croix. Cette vie de service s’exprima aussi pendant qu’il était avec les disciples (ex. dans Jean 13). Dans ce passage, Jésus est disponible pour rendre service aux disciples, même s’il doit se mettre à la place du plus vil des esclaves de l’époque qu’on ne regarde même pas.
Par reconnaissance pour ce qu’Il a fait pour moi. Je ne peux compenser la dette que Christ a payée cash sur la croix pour moi. Pour dire merci, le minimum est d’avoir une vie qui se calque sur celle de Celui qui a eu cette attitude pour me sauver.
Le service fait partie de l’identité de l’enfant de Dieu
Par amour pour ceux qui nous entourent. Le service que je rends pour Dieu n’est pas virtuel. Il s’exprime avec ceux qui m’entourent. Ils peuvent être riches ou pauvres, d’un hémisphère ou d’un autre. Tu les croiseras en occident ou dans un pays en voie de développement. Ils seront irascibles ou intéressants… De ton assemblée ou athée, qu’ils se déplacent en fauteuil roulant ou en battant des records. Qu’ils aient été largués, avec du travail ou à la recherche d’un emploi, qu’ils assurent dans leurs études ou que ça ne leur convienne pas… Ils sont tous de la même nature que toi : image de Dieu. Ils ont exactement la même valeur pour Christ. Il aurait été à la croix pour chacun. Ne dois-je pas moi aussi considérer l’autre avec le même regard et être aussi disponible au cas où ?
Ce qui remplit réellement une vie est surprenant. La paix et la vraie joie sont des trésors que Dieu fait découvrir à ses enfants quand ils Le suivent. Avec surprise, tu verras que quand tu te donnes, Dieu te comble de ses sentiments.
Peu importe si ton attitude peut paraître décalée. Ou si on te méprise comme un larbin parce que tu es disponible pour des personnes qui n’apprécient pas ce que Dieu fait par toi. Sache juste une chose. Si personne ici ne tient compte de ton service, Dieu lui le voit et s’en souvient (regarde : 1 Corinthiens, chapitre 3, versets 14 à 15).
De l’intention à l’action
Pour servir, en théorie, je suis toujours partant. Mais dans la réalité, on me retrouve plus souvent pépère derrière une console ou « à ne pas déranger » entre 2 écouteurs ou devant une glace à la salle de bain… Comment faire le pas pour passer à l’action ?
Deux choses m’ont bien aidé.
Scout toujours prêt.
Plusieurs de mes connaissances ont eu des commerces. Ceux qui ont cartonné ont toujours été ceux où les clients n’étaient pas des rois, mais des familiers pour lesquels les employés n’avaient pas d’horaires, et étaient toujours prêts à faire le petit plus qui rend vraiment service. Les autres commerces ont mis la clé sous la porte.
Il en est de même pour le serviteur que je suis. Servir n’est pas le métier du chrétien avec ses horaires et ses plages de présence. Pour être en phase avec Jésus, il faut que je sois toujours open. Je te laisse quelques petites questions (non exhaustives) pour jauger notre réactivité.
- Qui se lève à table quand il manque quelque chose ?
- Es-tu prêt à interrompre ton jeu pour sortir la poubelle de la maison ?
- Qui range les bagages et trie le linge après une super après-midi ?
- Es-tu prêt à prêter ton portable (même si tu es hors forfait) pour dépanner une amie ?
- Es-tu prêt à prêter ton scooter et sans rien dire prendre le bus pendant 1 heure alors qu’il ne te fallait que 5 minutes en scoot ?
- Irais-tu dépanner l’ordi de la copine de classe même si elle est laide et qu’elle pue ?
- Irais-tu dépanner l’ordi du canon de la classe ? Seulement pour rendre service ?
La terre ne tourne pas autour de mon nombril ?
L’autre chose que j’ai saisie est que tout ce qui m’entoure ne fait que me dire :
qu’il faut que je sois performant, pour me réaliser, pour avoir des moyens et être indépendant, acheter ce que je veux. Ce message, formulé plus ou moins complètement, m’a été matraqué depuis les plus petites classes. J’ai plein de droits, et finalement je suis conditionné à être un entonnoir et à recevoir des autres.
que je suis l’être le plus exceptionnel que l’histoire de humanité ait connu, et qu’il faut que je me réalise pleinement (et peu importent les autres).
Ces deux mensonges mélangent l’orgueil et l’égoïsme. Les médias, l’école m’ont tellement rabâché ce nombrilisme qu’ils ont fini par pourrir ma conception du service. Je suis heureux qu’un de mes amis m’alerte sur ces réflexions :
Ton épanouissement personnel dans le service à l’église compte-t-il plus que ce que tu peux offrir simplement ?
Je n’ai pas besoin de m’investir dans une église locale, je vis ma relation seul avec Dieu.
J’ai le droit de profiter de mon argent, c’est moi qui ai bossé. Tiens, Dieu aurait pu me faire naître au Soudan ?
Est-ce que j’ai le droit de faire ceci ou cela en tant que chrétien, même si c’est un peu louche ? Est-ce que Dieu va me punir si je fais cela ?
Est-ce que je serai tout de même sauvé si je m’écarte un peu de Dieu pour un temps ?
Toutes ces réflexions ont, à un moment ou un autre, émergé dans mon esprit, et peut-être dans le tien. Elles révèlent une chose : nous ne pensons qu’à nous. Pas à Dieu, pas aux autres, dans le sens où ils doivent passer en premier. Lorsque je suis le centre du monde, les autres (et Dieu) sont là pour me servir (mes ambitions, mes aspirations, compenser mes frustrations). Toutes ces fausses conceptions paralysent la main que je dois tendre.
L’action devient naturelle
L’exemple de Christ m’a beaucoup aidé. Voir différemment ceux qu’Il aime a transformé ma manière d’agir. Être dispo pour les autres devient quelque chose de plus normal. Dieu m’aide et je Lui demande (dans la prière). Beaucoup de chrétiens m’ont montré avec simplicité que ma place était dans l’action, pour des choses inattendues ou routinières. Fais comme moi, inspire-toi de tout cela et sors.
Ton action est déterminante
J’espère juste ne pas être le maillon manquant là où Dieu m’attendait. A ce sujet, je te laisse cette petite histoire qui m’est arrivée. Après quoi je te laisse agir, je suis sûr qu’il y a plein de choses que tu peux faire autour de toi.
Récemment pour un repas de fête, j’avais besoin de plusieurs friteuses. Spontanément, des amis m’en ont prêté plusieurs. Sur une, au moment de les rendre, il manquait juste une toute petite pièce de rien du tout : la poignée pour remonter le panier bouillant. Bilan : cette friteuse est inutilisable. Ce petit manque a tout mis en échec.
J’espère juste ne pas être cette petite poignée de rien du tout qui manque quand Dieu aura besoin de moi parce que je me trouve des excuses ou que je suis peinard en train de buller.
Références bibliques :
Épître aux Philippiens, chapitre 2, versets 4 à 8
Évangile de Jean chapitre 15, verset 12 et 13.
Évangile de Jean chapitre 13, verset 17 & Actes, chapitre 20, verset 35b.