Peccatophobe assumé – Homophobe refusé

Le message central de la Bible est un message d’amour, celui de Dieu pour sa créature. Malheureusement, il faut que nous admettions que fréquemment l’accueil des chrétiens et leurs préjugés pour les personnes attirées par des personnes du même sexe ou pratiquant l’homosexualité n’ont pas toujours été conformes à l’exemple d’amour que Dieu nous a témoigné. Pour cela nous devons demander pardon et réfléchir à notre accueil. C’est sous cet angle de réflexion que le sujet de l’homophobie, cette « peur » ou cette « intolérance » vis-à-vis des personnes attirées par des personnes du même sexe ou pratiquant l’homosexualité est abordé.

La Bible est-elle contre l’homosexualité ?

La Bible délimite un cadre à la sexualité.

Au commencement, Dieu a créé l’être humain à son image, homme et femme. Il a voulu qu’ils soient différenciés. Dieu a ainsi donné la femme à l’homme pour être son « vis-à-vis ». Il a prévu qu’une relation naisse entre deux êtres différents. Dieu a voulu quelque chose de beau : que l’homme et la femme puissent entrer en relation, s’unir et transmettre la vie. C’est ainsi qu’est née une alliance (le mariage) entre un homme et une femme. Et cette alliance dépasse l’être humain, puisqu’elle est utilisée pour illustrer les relations entre Dieu et son peuple, puis entre Jésus-Christ et l’Eglise.

La Bible met ainsi l’accent sur le cadre imaginé et voulu par Dieu, celui de l’union pérenne entre un homme et une femme. Cela signifie que le divorce, la tromperie, le libertinage, l’idolâtrie et l’homosexualité ne correspondent pas au cadre biblique.

À la Chute et après, les humains ont voulu s’affranchir de ce cadre. Ils ont choisi d’en fabriquer un, indépendamment de tout ce que Dieu avait décrété comme « bon ». C’est l’entrée en jeu du « péché » ! Dieu a laissé faire l’Humanité, tout en préparant un plan de salut pour elle en la personne de Jésus-Christ, venu la réconcilier avec Lui, et lui permettant de vivre selon son intention initiale.

Si nous revenons au sujet de l’homosexualité, existe-t-il des textes s’opposant à la pratique homosexuelle ? Oui, il y en a, par exemple celui-ci, particulièrement direct : 

« Dieu les (les humains) a livrés à des passions déshonorantes : leurs femmes ont remplacé les rapports sexuels naturels par des relations contre nature ; de même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec la femme et se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres ; ils ont commis homme avec homme des actes scandaleux et ont reçu en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement. Comme ils n’ont pas jugé bon de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, de sorte qu’ils commettent des actes indignes. »

Romains 1.26-28

Ce texte, et d’autres encore, sont clairement contre la pratique homosexuelle. Celle-ci est même qualifiée de « contre-nature ». C’est-à-dire : contraire au cadre originel voulu par Dieu.

L’homosexualité, le pire des péchés ?

En lisant un texte comme celui ci-dessus, il est facile de comprendre toute la révolte que cela peut engendrer. La Bible s’oppose à de multiples reprises à la pratique homosexuelle (exemple dans l’Ancien Testament : Lévitique 18.22 ; 20.13).

Cependant, si certains chrétiens font une fixation sur ce sujet, nous pouvons rappeler que beaucoup d’autres pratiques sont dénoncées dans la Bible : la perversité, le commerce de vies humaines, le mensonge, ne pas tenir sa parole, l’adultère, le vol, l’ivrognerie, l’avarice, l’escroquerie, la calomnie et bien d’autres aspects le sont aussi. La pratique de l’homosexualité est une conséquence parmi d’autres du choix d’une Humanité qui a voulu vivre en indépendance ou même en opposition à Dieu.

Nous en sommes tous les héritiers.

Nous avons tous cette tendance à vouloir créer notre propre cadre et rejeter le « bon ».

Nous avons tous tendance à vouloir mettre un autre « Dieu » au milieu de nos vies.

Continuons la lecture de la lettre aux Romains 1.29-31 :

Ils sont remplis de toute sorte d’injustice, de méchanceté, de soif de posséder et de mal. Leur être est plein d’envie, de meurtres, de querelles, de ruses, de fraudes et de perversité. Rapporteurs, ils sont aussi médisants, ennemis de Dieu, arrogants, orgueilleux, vantards, ingénieux pour faire le mal, rebelles à leurs parents. Dépourvus d’intelligence, de loyauté, d’affection, ils sont sans pitié. Et bien qu’ils connaissent le verdict de Dieu déclarant dignes de mort les auteurs de tels actes, non seulement ils les commettent, mais encore ils approuvent ceux qui agissent de même.

Cette liste comporte de nombreux points auxquels nous pourrions nous identifier, n’est-ce pas ? Et tous ces comportements tombent sous le coup du même verdict : « dignes de mort ». Cela relativise les fixations sur tel ou tel comportement. Et dans tous les cas, seule l’œuvre de Christ permet que nous échappions à ce verdict (Romains 3.23-24). Aujourd’hui encore, nous ne sommes évidemment pas parfaits (Jacques 3.2). Mais chaque jour est une occasion de redonner un peu plus sa place à Dieu dans le « cadre » de nos vies. En particulier, nous pouvons connaître des chrétiens attirés par les personnes du même sexe. Et pour eux la manière d’honorer Dieu passera par une vie de célibat. C’est remarquable.

Le chrétien est-il intolérant ?

Si nous pouvons dire que le cadre biblique prescrit uniquement l’hétérosexualité, alors l’homosexualité ne peut pas être une alternative de vie envisageable. Mais c’est dans ce monde que le chrétien, lui, est appelé à aimer Dieu et à aimer son prochain comme lui-même (Matthieu 22.36-40). Nous pourrions donc résumer en disant :

Le croyant n’adhère pas à l’homosexualité car il aime Dieu, mais ne s’éloigne pas pour autant d’une personne pratiquant l’homosexualité car il aime son prochain.

Cela fait-il des chrétiens des intolérants ? Certainement pas, si on s’en réfère à la définition du mot tolérance : « Attitude de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres » (Larousse).

La tolérance n’est donc pas à confondre avec l’indifférence qui peut se formuler :

« Faites ce que vous voulez, cela ne me regarde pas et je n’ai pas mon mot à dire ».

La tolérance c’est :

« Je ne suis pas d’accord avec toi, mais nous pouvons en discuter ».

Alors ne peut-on pas dire que sous cet aspect, Dieu est le plus grand tolérant ? Il dit par la Bible :

« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu … »

Romains 3.23

Nous sommes donc tous concernés, y compris les chrétiens. Pourtant, nous sommes encore là aujourd’hui, parce que Dieu est non seulement tolérant, mais aussi patient et rempli d’amour, car il dit par la Bible :

« … et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. »

Romains 3.24

Ce message s’adresse à tout le monde. Les chrétiens doivent s’en souvenir et ceux qui ne croient pas peuvent encore accepter l’offre de Dieu : il gracie des pécheurs par le sacrifice de son Fils, c’est un cadeau immérité (Romains 5.8).

Et Jésus dans tout cela ?

« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

Jean 3.17

Jésus a passé le plus clair de son temps à fréquenter, non pas des « hommes parfaits », mais des personnes marquées par le péché. Ce fut d’ailleurs un de ses chefs d’accusation. Lui-même a dit :

« Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, à changer d’attitude. »

Luc 5.31-32

Jésus ne « jetait pas la pierre » :

Dans le passage de Jean 8.1-11, on amène devant Jésus une femme prise en flagrant délit d’adultère. Ce qui, selon la Loi, devait être puni de mort par lapidation (pour les deux protagonistes, on peut se demander pourquoi seule la femme est amenée à Jésus…). Les chefs religieux demandent à Jésus ce qu’il faut faire. Il leur répond :

« Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. »

Malgré tout, honnêtes avec eux-mêmes, ils se sont retirés un à un. Il ne restait plus que Jésus et la femme, et plus personne pour la condamner. Jésus lui dit alors :

« Moi non plus, je ne te condamne pas ; vas-y et désormais ne pèche plus. »

Jésus était le seul qui aurait eu le droit de lui jeter la pierre car il était sans péché. Cette femme était coupable. Mais Jésus ne l’a pas mise à mort. Il l’a relevée au lieu de lui jeter la pierre. Il visait quelque chose de plus grand pour elle comme pour chacun : croire en lui pour obtenir le salut et la libération du péché. Cette offre magnifique s’adresse à tous les pécheurs qui se confient en lui, n’importe qui, y compris celui qui pratique l’homosexualité.

La grâce et la vérité sont venues à travers Jésus-Christ.

Jean 1.17

Alors ?

Le chrétien est-il homophobe ? Non, il ne devrait pas l’être ! Il devrait plutôt être « peccatophobe » (la peur du péché).

Il ne cautionne pas l’homosexualité, car il aime Dieu, mais il doit accueillir l’homosexuel, car il aime son prochain.

Il le fait aussi parce qu’il a bien conscience que même sauvé par Christ, il reste un pécheur gracié. Et donc, il pèche parfois, même s’il est transformé progressivement à la ressemblance de Jésus-Christ.

Si le chrétien a accepté le pardon de Dieu en Christ, c’est qu’il a été touché par l’accueil, la main tendue de Jésus.

À lui d’en faire autant, dans le même esprit que Christ.