La croix reste debout !

C’est ce qu’affirme ce cantique de Ruben Saillens, aujourd’hui passé de mode ! Pourtant la perfection, la permanence, et la centralité de ce que Christ a accompli à la croix sont les sujets de fierté par excellence de Paul. Il ne se glorifie « de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Gal 6.14). Elle est incontournable ! Mais pourquoi donc ? Elle fait sens dans trois domaines majeurs.

Un sacrifice

D’abord, dans le domaine religieux, où elle est un sacrifice. Christ est « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29, voir aussi 1 Jean 2.2, 1 Pie 1.2, 2 Cor 5.21, Rom 3.25). La lettre aux Hébreux présente Jésus comme le grand-prêtre accomplissant le sacrifice du grand jour du pardon (voir Lév 16). L’Ancien Testament mentionne toute une série de sacrifices. Certains étaient quotidiens (Lév 14.12) ou correspondaient à des fêtes (Pâque, Prémices, Tabernacles, etc.). D’autres étaient conditionnés par des circonstances particulières : la culpabilité (Lév 14.12), la consécration (Lév 1.9), l’expiation (Lév 16), l’inauguration de l’alliance (Exo 24), etc. En mourant à la croix, Christ a accompli tous ces sacrifices. Il les récapitule… et les abolit ! « Une fois pour toutes » est le grand accent de la lettre aux Hébreux, le sacrifice de Christ est parfait, il ne peut pas être renouvelé (Héb 7.27, 9.12, 10.10). Vouloir le faire serait porter atteinte à ce que Christ a accompli ! Donc inutile de vouloir ajouter nos propres sacrifices, de quelque nature qu’ils soient ! Pour bien comprendre la notion du sacrifice de Jésus, il faut comprendre l’importance du sang. Il est interdit à la consommation parce que réservé au culte, plus précisément aux sacrifices. La plupart des sacrifices étaient sanglants, car « sans effusion de sang il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22). Le sang représente la vie (Lév 17.11, 14), et la mort est la conséquence du péché (Gen 2.17, Rom 6.23). Dans l’ancienne alliance, c’est un animal qui est offert à la place de l’homme, qui se substitue à lui. Mais voilà, « il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Héb 10.4). Alors que faire ? C’est Jésus, Dieu devenu homme, qui l’accomplit pour les siens, à leur place (Marc 10.45), une fois pour toute. En conséquence, le péché est expié, (1 Jean 1.7), Dieu nous est à nouveau propice (Héb 2.17, 1 Jean 2.2, 4.10, selon les traductions). Ou pour le dire simplement, le péché est enlevé, Dieu nous est à nouveau favorable. Le péché a porté atteinte à son honneur, le sacrifice apaise sa légitime colère (Jean 3.36). Je peux donc être en paix !

Une rançon

La deuxième raison majeure de l’importance de la croix se situe dans le champ social. La croix est également une rançon (Mat 20.28, Marc 10.45). Cette réalité plonge ses racines dans l’Ancien Testament. La notion de rançon comporte deux idées, celle d’un prix qui est payé, d’une transaction, mais surtout celle de la libération, comme conséquence. On pouvait racheter une propriété perdue (Lév 25.25), un parent en esclavage (Lév 25.48), une veuve sans enfants (en l’épousant, Ruth 3.13), une esclave en vue du mariage (Lév 19.20), etc. Le principe est qu’il y a substitution légale sur la base d’un lien familial. C’est le devoir du « plus proche parent » de racheter, ou parfois de venger la vie (le « vengeur du sang », Nom 35.19) de son proche parent qui ne peut pas le faire. Dieu applique aussi ce principe pour son peuple. Le livre de l’Exode rapporte que le peuple d’Israël est libéré de l’Égypte par une victoire. Dieu rachète Israël, son « fils premier-né » au prix des premiers-nés d’Égypte (Ex 4.22-23, Mich 6.4). Dans le livre d’Esaïe Dieu apparaît à plusieurs reprises comme le rédempteur, c’est-à-dire celui qui paye un prix pour racheter son peuple (Esa 43.14, 44.6, 24, etc.). Il est touchant de constater que par le prix payé par Christ à la croix, sa vie, Dieu intervient pour nous en tant que « plus proche parent » ! C’est la réalité de la « rédemption », ou plus simplement, du rachat. Jésus rachète nos transgressions (Héb 9.15), par son sang (Eph 1.7). Paul souligne le « grand prix payé » pour cette libération (1 Cor 6.20). Et cette rédemption est éternelle (Héb 9.12), c’est à dire parfaite ! Inutile donc de vouloir payer nous-mêmes, la totalité de la « somme » qui nous libère a déjà été versée ! Le but est de devenir un peuple qui appartienne en propre à Dieu. Ce changement de vie se manifeste par des « œuvres bonnes » (Tit 2.14) et le fait de servir Dieu (Gal 4.5, 1 Pie 1.18-19). C’était déjà le cas pour le peuple d’Israël lors de la libération d’Égypte. A nous, peuple libéré par Christ, de reprendre le flambeau ! Une précision encore. Si la croix est bien victoire sur le diable, elle n’est pas la rançon payée au diable ! Il n’y a aucun droit.

Un châtiment

La troisième raison majeure de l’importance de la croix se situe dans le domaine juridique. La croix est un châtiment qui nous donne la paix (Esa 53.5). L’aspect juridique de l’œuvre de la croix est fondamental pour la doctrine évangélique. Même si à tort, Jésus a été condamné par un tribunal. Le sanhédrin l’a accusé de se dire Fils de Dieu (Mat 27.11). Pilate, le gouverneur romain qui l’a condamné à mort, l’a accusé de se faire roi d’Israël, le Messie fils de David (Mat 26.63). C’est Paul qui développe tout particulièrement le rapport à la loi de la mort de Jésus. Comme il nous est impossible de satisfaire les exigences de la loi (Rom 3.20), nous sommes pécheurs, déclarés coupables, donc condamnables. (Rom 8.3). Que faire de l’acte d’accusation ? « L’acte rédigé contre nous… est supprimé en le clouant à la croix » (Col 2.14). Je suis acquitté, merci mon Dieu ! Je suis maintenant justifié, précisément déclaré juste, par le sang de Christ, c’est-à-dire par sa mort sur la croix (Rom 5.9). La justification fait partie du même registre que la condamnation et le châtiment. Par sa mort, Jésus éteint les droits de la loi sur nous (Gal 3.13). Donc plus aucune raison d’avoir mauvaise conscience, plus aucune œuvre à produire pour être sauvé ! Mais n’oublions pas. Si je peux être acquitté au tribunal de Dieu, c’est parce qu’un innocent est mort à ma place et a pu prendre sur lui mon péché. Un juste est mort pour des injustes (1 Pie 3.18). Sinon il serait mort pour son propre péché ! Par ailleurs, cet acquittement, cette justification, ne concernent que ceux qui ont foi en Christ pour leur salut (Rom 3.28). Pour les autres, malheureusement, reste la condamnation, le châtiment éternel (Mat 25.46).

Unique

Si l’œuvre de la croix est toute suffisante, parfaite, y aurait-il néanmoins une alternative ? Non ! Aucun autre sacrifice, même pas ceux de l’ancienne alliance pourtant ordonnés par Dieu, ne peut donner le salut. Aucune autre rançon que celle payée par Christ à la croix pour notre libération ne permet d’échapper à la colère de Dieu. Aucune œuvre, si ce n’est celle de Christ, ne peut nous libérer de la condamnation du péché pour que nous soyons déclarés justes devant Dieu. Il n’y a pas d’autre chemin vers le Père (Jean 14.6), pas d’autre médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim 2.8). Il n’est donc pas étonnant que Pierre ait affirmé devant le sanhédrin : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Act 4.12). 

Jésus rachète parfaitement, éternellement nos fautes. Inutile de vouloir payer quoi que ce soit pour nos fautes


La croix reste debout

La croix reste debout,
Alléluia ! Alléluia !
Elle domine tout,
Alléluia ! Alléluia !
C’est en vain que la haine
Contre elle se déchaîne :
Lumineuse et sereine
La croix reste debout !

Refrain
Alléluia ! Alléluia !
Au plus fort des combats,
Alléluia ! Alléluia !
La croix ne recule pas !

Sur elle en Golgotha,
Alléluia ! Alléluia !
Le Fils de Dieu monta.
Alléluia ! Alléluia !
Amour incomparable !
Ce Sauveur adorable,
Pour l’homme misérable,
Mourut en Golgotha.

Soldats du Roi des rois,
Alléluia ! Alléluia !
Portons partout sa croix !
Alléluia ! Alléluia !
Car tous ceux qu’il délivre
Sous la croix doivent vivre,
Sur la croix doivent suivre
Jésus le Roi des rois

J. Mac Granahan / Ruben Saillens